En pleine ascension, Milk & Bone présente un deuxième album créé en toute intimité
Si le premier EP de Milk & Bone avait fait pas mal de vagues en 2015, leur nouvel album, Deception Bay, en fera certainement encore davantage.

Publié le 6 février 2018 pour Vice Québec

Photo : Le Pigeon

En octobre dernier, Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne révélaient le premier extrait de leur prochain album avec Daydream. Le vidéoclip, filmé à Los Angeles, représente l’essence du duo montréalais : des harmonies vocales tout en douceur, à la fois rêveuses et mélancoliques. Milk & Bone, c’est de l’électro-pop un peu dark.
Les trahisons, les cœurs brisés et les amours innocents sont autant de thèmes qui composaient Little Mourning, leur premier album, et qui refont surface avec Deception Bay. Mais cette fois-ci, les filles ont pris en assurance, et ça se ressent. Il faut dire que, depuis, elles ont rempli des salles dans tout le Québec, fait des tournées en Europe et aux États-Unis, dont une prestation à SXSW.
Le processus de création de Milk & Bone n’en demeure pas moins intime. Le duo a enregistré en studio, au chalet et même en Californie, avec souvent rien de plus qu’un synthétiseur et un micro.
Mais sous cette apparente simplicité se cachent de multiples étages de textures électroniques et de voix – parfois jusqu’à une soixantaine mixées en chœur. Pour Deception Bay, les filles ont aussi fait appel à des amis pour collaborer sur quelques pièces. Le récipiendaire d’un Grammy Chilly Gonzales signe d’ailleurs le piano de Tmrw., l’une des chansons les plus touchantes de l’album.
VICE : Au-delà de la déception amoureuse, Deception Bay, c’est aussi à propos de la déception humaine. Qu’est-ce qui vous déçoit le plus, et qui aurait inspiré ce nouvel album ?
Laurence : Je crois qu’il est impossible à notre époque de ne pas sentir une immense déception envers la situation humaine en générale. Nous vivons dans un monde violent, rempli d’injustices, d’inaction et d’isolation. Il est difficile de ne pas se sentir dépassé par tout cela. Cette réalité et le fait qu’en vieillissant, nous sommes de plus en plus conscientes de la nature humaine ont inspiré plusieurs morceaux comme Set in Stone et Tmrw., par exemple.
La création de l’album s’est faite de manière assez intime et vous avez planché sur votre musique un peu partout, dont à L. A. Est-ce que la côte californienne a influencé Deception Bay un peu ?
Laurence : Certainement, et c’est exactement l’exercice que nous voulions faire. Nous avons décidé de changer de climat et d’environnement pour voir si ça teinterait notre musique, nos paroles. Nous avions envie que cet album soit plus lumineux par moment, et probablement que la chaleur de la Californie y est en partie pour quelque chose.
Camille : Je crois qu'elle a influencé notre temps de travail, surtout. J'ai l'impression que cette distance de la maison nous a forcées à vraiment nous ensevelir dans le projet et nous a permis de rapidement trouver une direction claire pour l'album. Je ne crois pas qu'on y serait arrivées aussi rapidement si ce n'avait été de cette escapade à L. A. !
Vous avez aussi collaboré avec Chilly Gonzales, CRi, Max-Antoine Gendron et Jonathan Dauphinais. Qu’est-ce que ces artistes ont apporté à l’album ?
Laurence : Énormément. Nous avions envie dès le début de sortir de notre zone de confort, de prendre plus de risques et nous avions confiance en notre identité et notre son pour nous permettre de travailler avec d’autres gens. Les collaborations avec les producers, tous des amis, nous ont permis de prendre des chemins différents, parfois plus minimalistes, parfois plus électros, parfois plus instrumentaux, et chaque élément ajouté par ces gens a rendu nos pièces plus complètes.
Camille : Complètement d'accord ! J'ai aussi adoré le fait d'avoir ces gens de confiance autour de nous pour bouncer des idées et avoir des points de vue différents que ceux qui proviennent de nos trois têtes. J'aime qu'on ait gardé le contrôle, mais, en faisant appel à ces collaborateurs, j'ai l'impression qu'on est allées plus loin.
J’ai entendu dire que votre prochaine tournée aura une scénographie, un décor pis toute. À quoi peut-on s’attendre ?
Camille : On finalise le tout dans les prochaines semaines. Mais sinon, pour décrire la vibe, je dirais sombre, lumineux, introspectif et bouncy. Ça va se préciser très bientôt !
La tournée 2018 de Milk & Bone débutera en mars prochain. En attendant, l’album complet se trouve sur Bandcamp et Spotify.

S U I V A N T