Militant.e.s en confinement : Isabelle Grondin Hernandez
Une série de portraits qui s’intéressent aux militant.e.s pour le climat qui ont vu leur mobilisation être chamboulée par la COVID-19. Rencontre à deux mètres avec Isabelle Grondin Hernandez, co-porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) au niveau collégial.
Photographe et journaliste terrain : Ariane Poulin
Journaliste : Élisabeth Labelle
Journaliste : Élisabeth Labelle
Publié le 18 mai 2020 dans le webzine Futur Proche
Isabelle Grondin Hernandez
20 ans
Co-porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) au niveau collégial
Quartier Tétreaultville, Montréal
20 ans
Co-porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) au niveau collégial
Quartier Tétreaultville, Montréal
FP : Quel impact la pandémie a-t-elle eu sur vos activités de mobilisation ?
IGH : Ce n’est pas que la CEVES qui a dû se réinventer avec la pandémie. Les comités campus et les associations étudiantes avaient fait un énorme travail de mobilisation et de coordination pour créer la programmation de la Semaine de la Transition. Au niveau national, la CEVES a dû organiser des activités à la dernière minute, comme des webinaires et d’autres initiatives en ligne.
Parmi ces webinaires, la carboneutralité en 2030 est un sujet sur lequel je pense qu’il est important d’approfondir une réflexion.
FP : Peux-tu nous expliquer en quoi consiste la carboneutralité ?
IGH : C’est en lien avec la capacité de rétention de carbone [de la planète]. La carboneutralité, ça veut dire que tu n’émets pas plus d’émissions que la Terre peut en retenir. Notamment, les arbres vont absorber une partie du carbone. Présentement, on pollue plus que la Terre est capable d’en prendre et beaucoup de cette pollution-là est absorbée par les océans. Malheureusement, c’est l’endroit où il y a le plus de dioxyde de carbone et ça crée une acidification des océans, ce qui fait de la vie marine une très grande victime des changements climatiques. Il y a beaucoup d’espèces qui ne réussiront pas à s’adapter à temps.
IGH : C’est en lien avec la capacité de rétention de carbone [de la planète]. La carboneutralité, ça veut dire que tu n’émets pas plus d’émissions que la Terre peut en retenir. Notamment, les arbres vont absorber une partie du carbone. Présentement, on pollue plus que la Terre est capable d’en prendre et beaucoup de cette pollution-là est absorbée par les océans. Malheureusement, c’est l’endroit où il y a le plus de dioxyde de carbone et ça crée une acidification des océans, ce qui fait de la vie marine une très grande victime des changements climatiques. Il y a beaucoup d’espèces qui ne réussiront pas à s’adapter à temps.
« Il faut qu’on réduise drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre en mettant fin à tous les projets d’exploitation, de transport et de transformation d’hydrocarbures. »
FP : Penses-tu que les initiatives en ligne ont la même portée de sensibilisation que les manifestations dans la rue ?
IGH : Ça n’a pas la même portée, clairement. L’être humain est un être social. Il y a un effet de masse, quand tu vois une manifestation passer ou quand tu es dans une manifestation, qui ravive ton feu intérieur. Tu sens que, ensemble, on peut aller plus loin.
« Les manifestations en ligne ont une belle symbolique, mais ce n’est pas la solution. »
Il y a des actions en ligne qui peuvent porter fruit plus que d’autres, notamment la campagne « Reject Teck » qui a eu un énorme impact sur le projet Teck Frontier, mais elles étaient combinées à des actions en vrai. Il faut se réinventer et il y a une réflexion à faire au sein du mouvement. Si tu as des idées… [rires]
FP : Cette pandémie soulève des questions environnementales aussi. Est-ce qu’elle ne prouve pas quelque chose justement, cette situation qu’on vit mondialement ?
IGH : Si ça peut faire réfléchir certaines personnes, c’est bien. En même temps, il ne faut pas voir la pandémie comme quelque chose qui est bien pour l’environnement. Je pense qu’avant tout il faut le voir comme une crise sanitaire. En soi, ce répit-là, ce n’est pas un vrai répit parce qu’on est dans le même système capitaliste, productiviste et ça va revenir à la normale s’il y a une relance.
IGH : Si ça peut faire réfléchir certaines personnes, c’est bien. En même temps, il ne faut pas voir la pandémie comme quelque chose qui est bien pour l’environnement. Je pense qu’avant tout il faut le voir comme une crise sanitaire. En soi, ce répit-là, ce n’est pas un vrai répit parce qu’on est dans le même système capitaliste, productiviste et ça va revenir à la normale s’il y a une relance.
« Présentement, ce qui est important, c’est de parler d’une relance qui soit inclusive et verte. »
FP : En tant que jeune adulte engagée, trouves-tu le confinement particulièrement difficile ?
IGH : Je fais partie de ceux qui sont le plus privilégiés en ce moment. J’en profite pour m’informer à chaque jour, suivre l’actualité. Il y a beaucoup de livres que je veux lire ! Je travaille aussi sur des projets à vocation sociale que je veux amener au sein de la CEVES.
FP : As-tu des recommandations de lecture pour les gens qui aimeraient s’informer sur la crise climatique pendant le confinement ?
IGH : Extinction Rebellion a mis en ligne des recommandations de lecture sur leur page Facebook, de même que la CEVES sur leur page Instagram. Personnellement, parmi les livres que je recommanderais, il y aurait « The Sixth Extinction: An Unnatural History » (2014) d’Elizabeth Kolbert, [un livre] axé sur les impacts des activités humaines sur la biodiversité.
IGH : Extinction Rebellion a mis en ligne des recommandations de lecture sur leur page Facebook, de même que la CEVES sur leur page Instagram. Personnellement, parmi les livres que je recommanderais, il y aurait « The Sixth Extinction: An Unnatural History » (2014) d’Elizabeth Kolbert, [un livre] axé sur les impacts des activités humaines sur la biodiversité.
La lecture quotidienne des journaux permet aussi d’acquérir une bonne base d’informations sur les projets polluants, par exemple GNL Québec. Pourquoi ce projet est-il défendu publiquement par nos politiciens alors qu’on sait qu’il va mettre en danger le béluga du Saint-Laurent, une espèce qui est déjà menacée ?
FP : Comment expliques-tu cet appui ?
IGH : Il y a beaucoup de lobbies qui travaillent fort et le problème c’est que l’information n’est pas démocratisée. Les militants sont informées parce qu’ils lisent les journaux et se tiennent informés chaque jour, mais ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir le temps de le faire. Les firmes de communication des compagnies qui veulent faire fonctionner leur projet, elles, ont un énorme budget pour trouver des arguments et les faire valoir auprès des gouvernements. Donc, il faut bénévolement — parce que nous ne sommes pas payés — être un contrepoids permanent.
IGH : Il y a beaucoup de lobbies qui travaillent fort et le problème c’est que l’information n’est pas démocratisée. Les militants sont informées parce qu’ils lisent les journaux et se tiennent informés chaque jour, mais ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir le temps de le faire. Les firmes de communication des compagnies qui veulent faire fonctionner leur projet, elles, ont un énorme budget pour trouver des arguments et les faire valoir auprès des gouvernements. Donc, il faut bénévolement — parce que nous ne sommes pas payés — être un contrepoids permanent.
« Notre mouvement de la jeunesse devra se réinventer et continuer la pression politique parce que ce n’est pas une pandémie qui va arrêter notre mobilisation. »
FP : As-tu espoir que ça va changer avec les années, avec la prochaine génération qui semble plus consciente des enjeux environnementaux ?
IGH : Je pense qu’il y a beaucoup de jeunes qui ne le sont pas encore… Pour répondre à ta question, je te dirais que je n’ai pas de réponse, mais qu’il faut contribuer à la réponse. Il faut agir pour qu’une réponse positive devienne réalité. On a un devoir de penser au bien commun.
Notes de la rédaction :
1. La séance photo et l’entrevue ont eu lieu à l’extérieur, en respectant les mesures de distanciation physique et d’hygiène respiratoire.
2. L’entrevue a été éditée pour faciliter la lecture, mais l’essence des propos tenus durant la rencontre a été préservée.
2. L’entrevue a été éditée pour faciliter la lecture, mais l’essence des propos tenus durant la rencontre a été préservée.